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RIEN NE SERAIT ARRIVE

Publié le 15 Mars 2013 par Céline Lefrou de la Colonge in L'ATELIER DES MOTS

Rien ne serait arrivé si ma machine à laver n’avait pas fait mine de me lâcher. Mais le hublot ne fermait plus et j’étais obligée de le maintenir avec mon dos durant toute la lessive pour éviter que l’eau savonneuse n’inonde ma cuisine. C’est ainsi qu'assise sur un coussin, désœuvrée, je commençais à…

me demander si la vie valait la peine d’être vécue. Trente ans dans peu de temps, des petits boulots mal payés au fin fond de la banlieue, toujours pas mariée mais condamnée à une vague histoire qui n’en finissait plus avec un agent immobilier en instance de divorce, alors bien sûr, pas d’enfant et surtout, plus de chat puisqu’il venait de mourir chez le vétérinaire ne me laissant qu’une facture aux paiements échelonnés pour ne pas le regretter. Le coussin sur lequel j’étais assise sentait encore son urine et me laissait dans l’impossibilité de penser à autre chose qu’à son incontinence, tant son odeur était entêtante. Je me dis que moi-même je serais peut-être un jour incontinente et une nausée incontrôlable me donna tout à coup envie de vomir ma propre existence. C’est dans cet état second que je me levais comme après une cuite, chancelante. Le dos en compote, j’avançais en zig-zag vers ma boîte à pharmacie et pendant une seconde, j’eus l’impression d’avoir la même démarche que mon vieux chat. Il fallait que je stoppe le plus rapidement possible cette descente aux enfers d’un dimanche après-midi sous la pluie. J’avalais des pilules de toutes les couleurs vaguement en rapport avec mon écœurement, j’en avalais un peu trop, je m’affalais sur le clic-clac de mon salon-cuisine-chambre à coucher.

Je pensais que tout irait mieux, que le mauvais songe dans lequel une méchante fée m’avait enfermée allait s’arrêter et que les trompettes du royaume sonneraient enfin, m’accueillant sous des pétales de roses et des vivats. Je les entendais déjà qui résonnaient, de plus en plus stridentes, de moins en moins discontinues pour finir par choquer mon cerveau et les rendre insupportables. On sonnait à ma porte et il semblait que la personne avait le doigt coincé dedans. Je rampais presque jusque-là dans quelque chose qui ressemblait à un marécage et les vivats devenaient clairement des injures vociférées par un homme visiblement prêt au meurtre. Son appartement était inondé et ça faisait un quart d’heure qu’il tambourinait à la porte, il savait que j’étais ici, il m’avait vu rentrer…Là, je comprenais que je n’avais pas pris les bons remèdes, je n’entendais plus rien, mon cœur se soulevait au maximum, de l’eau m’arrivait dans la bouche…J’ouvris, et je lui vomis sur ses pantoufles.

Je ne pouvais pas mieux finir cette interminable journée. Notre histoire commença là.

CLdelaC

Pour connaître la consigne d'écriture, cliquer sur "lire la suite"

Collection LES MYTHIQUES, "La Grecque" de CLdelaC, au colorex, format 50 X 70cm, réalisation : main gauche

Collection LES MYTHIQUES, "La Grecque" de CLdelaC, au colorex, format 50 X 70cm, réalisation : main gauche

La consigne d'écriture était la suivante :

Tout simplement continuer un texte pris au hasard dans un livre qui vous interpelle dans le sens où vous ne l'auriez pas écrit puisqu'il vous déplaît, voire vous énerve... ici, les trois premières phrases en italique.

Si l'inspiration se tarit, relire les premières phrases imposées. Et laisser couler...

Se laisser imprégner par les phrases, les mots, l'ambiance et dès que le déclic se fait, écrire sans retenue.

Laisser couler !

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