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MORDORE

Publié le 18 Octobre 2012 par Céline Lefrou de la Colonge in L'ATELIER DES MOTS

Une ferme à l'écart, ni grande ni petite, ni pauvre ni riche, bien entretenue. La fille de la ferme, on l'a dit bien bâtie sans être trop jolie, les épaules larges, les cuisses fuselées. Ses parents, tout le monde les connait, de loin, de simples cultivateurs, des gens simples. Son frère, après les bagarres dans les bals du samedi soir avec les gars d'à côté, parti à la ville, ouvrier chez Renault. Leur envoie des mandats, revient une fois par an. Certains jours, il y a rien à dire, ça coule tout seul, comme le filet de l'eau de la petite rivière en contrebas.

Du haut de ses seize ans, elle attend quelque chose. Mais quoi ? Personne le sait. Le temps des foins. Les charrettes en rond au centre du champs, autour de la moissonneuse. Elles dessus, sur une charrette, les filles. Les garçons en sueur dessous. Les jupes relevées. Les bottes qu'ils leur jettent dans le ventre. Les égratignures. Les piqûres sur la peau. Il y a Jean. Il y a Paul. Chacun essaie de la faire tomber. Les tempes dégoulinant d'une eau âcre qui entre dans la bouche par la commissure des lèvres. Des fois, c'est Jean. Des fois, c'est Paul. Ils entrent tour à tour dans le poulailler, dans l'étable. Mais c'est ni l'un, ni l'autre. Elle se laisse renverser sans plaisir, sans joie. Elle attend que cela se passe et pense à son frère.

CLdelaC

Pour connaître la consigne d'écriture, cliquer sur "lire la suite"

Claude Monet au Musée d'Orsay, Paris, février 2006

Claude Monet au Musée d'Orsay, Paris, février 2006

La consigne d'écriture était la suivante :

1. Pensez à un mot (nom, adjectif ou verbe).

2. Ecrire ce mot puis dessous, des phrases qui viennent à l'esprit, des phrases qui "illustrent" ce mot ou "parlent" de ce mot. Les écrire les unes sous les autres sans chercher à faire un texte.

3. Les relire en laissant venir à soi l'univers qu'elles suscitent, sans se brimer.

4. Ecrire ce qui vient en laissant le flot des phrases se déverser.

5. Le mot doit figurer dans le texte (ici, il est dans le titre !).

6. Relire, corriger si nécessaire.

Mes phrases d'amorce à l'imaginaire étaient :

Les cheveux dans la lumière blonde d'un matin entre hiver et printemps.

Les poils d'un poney un peu sauvage.

Une pomme sur un tas de pommes.

Des quartiers de pomme coupés dans une tarte un peu brûlée.

Des pétales d'hortensia séchés dans un vase.

Les blés coupés le soir.

Cet exercice tend à faire de l'écrivain le réceptacle d'un univers et d'une émotion qui montent. Il s'agit d'ouvrir des portes les unes derrière les autres sans savoir ce qu'il y aura au bout du couloir.

Laissons donc jouer en nous l'instrument ou les instruments qui s'y cachent.

A vos plumes !

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